La rumeur, elle, est un bruit confus de voix, de sons assourdis. Dans le sens commun, elle désigne une nouvelle non vérifiée qui se propage rapidement dans le public. Les rumeurs peuvent relever d’une maladie de l’inconscient collectif agissant dans des situations anomiques ( crises, guerres, catastrophes ) comme un transfert d’agressivité du corps social sur les autorités ou un groupe minoritaire.
C’est en cela que peur et rumeur peuvent souvent de conjuguer mutuellement. La rumeur déclenche la peur et la peur entretient la rumeur. La rumeur s’oppose à l’acte de raison et à la recherche critique de l’information. Elle se constitue à partir de productions imaginaires ayant souvent pour finalité de produire des peurs, voire des terreurs. ( ex. la fameuse rumeur dite « rumeur d’Orléans » en 1969 où il avait été colportée l’information que des jeunes filles seraient enlevées dans des cabines d’essayages de boutiquiers au motif que ces derniers étaient juifs. ( A ce sujet, le « juif » est une source inépuisable comme contenant et contenu de rumeurs).
Les récits de rumeurs empruntent et combinent principalement quatre types narratifs classiques ; la faute, la trahison, le complot et le mal dissimulé.
De tous les temps de l’histoire de l’humanité, toutes les sociétés ont été agies et se sont nourries des phénomènes de peurs et de rumeurs dans des buts de discriminations ; les femmes accusées de sorcelleries à différentes époques de l’histoir, les indigènes à l’époque des conquêtes coloniales, les juifs en Europe au XXème siècle, etc… La liste serait longue à énumérer. Politiquement, nous pouvons soutenir que peurs et rumeurs ont autant servi les Pouvoirs que les opposants aux Pouvoirs.
Alain Brice